Source: L’Orient le Jour | 04 November 2016 | Country: Beirut,Lebanon

La vitrine de l’écosystème numérique libanais s’embellit - 4 November, 2016

La vitrine de l’écosystème numérique libanais s’embellit - 4 November, 2016

Conférence
Des entrepreneurs et investisseurs internationaux sont venus partager leur expérience avec les acteurs du secteur technologique local lors de la troisième édition du BDL Accelerate.
Sunniva Rose | OLJ
04/11/2016


« Si 2014 était l'année où les fondations (de l'écosystème numérique) ont été posées, 2015 l'année de la mise en œuvre, 2016 est l'année de la croissance. » Les premiers mots du discours inaugural de Marianne Hoayek, directrice du bureau exécutif de la Banque du Liban (BDL), étaient révélateurs de la satisfaction générale affichée par les organisateurs de la troisième édition du BDL Accelerate, inauguré hier au Forum de Beyrouth. Près de 23 000 visiteurs, quatre fois plus que l'an dernier, sont attendus lors de cette manifestation, qui réunit pendant trois jours des centaines d'exposants, des investisseurs et des entrepreneurs afin d'inspirer la nouvelle génération de start-up technologiques libanaises.

Le BDL Accelerate est aussi une vitrine pour la circulaire n°331 émise par la BDL en 2013, qui autorise les banques à investir dans l'économie de la connaissance, via une garantie à 75 % des montants investis. « Le but de cette circulaire est de créer un nouveau secteur qui offre des opportunités d'emploi pour les Libanais et de rendre ainsi l'économie plus compétitive », a souligné lors de son discours le gouverneur de la BDL, Riad Salamé. Une économie dont les entrepreneurs ont été invités « à réécrire les codes et les règles » par Nicolas Chammas, président de l'Association des anciens du Massachusetts Institute of Technology (MIT).
 
« Effet boule de neige »
La star de la cérémonie était sans conteste l'inventeur de l'iPhone et de l'iPod, Tony Fadell, dont les origines libanaises ont été soulignées par les organisateurs. « Ma famille a émigré aux États-Unis au début du XXe siècle de Zahlé », explique celui qui a fait carrière dans la Silicon Valley et dont c'est la deuxième visite au Liban depuis près de 20 ans. Selon lui, tous les éléments importants pour lancer une économie basée sur les nouvelles technologies sont réunis au Liban. De l'accès à de nouveaux marchés à la présence de ressources humaines qualifiées, en passant par l'accès au financement. Un accès ultérieurement renforcé, comme rappelé par Riad Salamé, par le fait que la BDL a relevé le plafond d'investissement des banques dans l'économie de la connaissance de 3 % à 4 % de leurs fonds propres. Cela dégagerait ainsi 650 millions de dollars, a souligné le président de l'Association des banques du Liban, Joseph Torbey, contre les 400 millions théoriquement mis à disposition lors de l'émission de la circulaire n°331.

« C'est une excellente nouvelle », glisse à L'Orient-Le Jour l'ancien ministre Nicolas Sehnaoui, président du conseil d'administration de l'accélérateur anglo-libanais l'UK Lebanon Tech Hub. Selon lui, les start-up – dont il évalue la valorisation globale à 500 millions de dollars au Liban – ont besoin d'attirer des sommes importantes pour consolider la confiance dans le secteur et créer un effet « boule de neige ». Selon Henri Asseily, cofondateur du fonds d'investissement libanais Leap Ventures, ce relèvement du plafond d'investissement des banques va « augmenter les liquidités » disponibles. « D'autres banques seront incitées à s'engager auprès des start-up », ajoute celui dont le fonds d'investissement a déjà investi la moitié de son capital de 71 millions de dollars.

« Antidouleur »
Grâce à cette combinaison de facteurs, les entrepreneurs libanais devraient être prêts à s'atteler à trouver des solutions aux nombreux problèmes – comme ceux des infrastructures – qui minent leur pays, souligne Tony Fadell. « Réfléchissez d'abord à ce que vous pouvez accomplir chez vous », conseille-t-il. « Le but n'est pas de reproduire des produits tape-à-l'œil comme ceux qui sortent de la Silicon Valley. » Autre conseil répété à plusieurs reprises par l'entrepreneur vedette, se concentrer sur les « antidouleur » et non les « vitamines » : « Il faut réfléchir à des solutions à des problèmes que le public n'a pas encore identifiés, tout le monde sait qu'il doit trouver un remède lorsqu'il ressent une douleur, mais personne ne se sentira obligé de prendre des vitamines. »

Dernier conseil, et non des moindres : « Apprenez aussi à accepter les échecs », souligne celui qui a vécu une de ses premières expériences professionnelles au début des années 90 à General Magic comme un énorme ratage. À l'époque, Tony Fadell était chargé de construire des appareils de communication portatifs, dont « l'ancêtre de l'iPhone, mais 15 ans trop tôt ». « Avec un milliard de dollars d'investissements, nous étions une licorne avant même que le concept n'existe. Mais 4 ans plus tard, nous étions en faillite. » Cela n'a pas empêché les membres de son équipe perdante de se lancer dans des carrières brillantes et de faire partie des fondateurs d'e-Bay ou d'Android, lance-t-il.

Reste toutefois à surmonter encore certains défis. « Il reste encore un décalage important entre l'abondance de l'offre de financements et le flux de « deals » conclus. D'où l'importance des investisseurs et des structures d'accompagnement pour aider les start-up à gagner en maturité et réduire ce décalage », estime Walid Mansour, associé gérant de l'investisseur en capital-risque MEVP. Mais l'enjeu majeur, souligné par tous les acteurs interrogés, demeure la capacité du pays à offrir une connexion Internet digne de ce nom. « J'espère que le Liban va rapidement moderniser l'infrastructure des télécommunications », a ainsi déclaré Joseph Torbey, « sinon les jeunes partiront vers d'autres pays où ils sont mieux servis ». Soit le résultat inverse de celui proclamé par les promoteurs de la circulaire N°331.
 

 
Salamé salue l'effet de son ingénierie financière sur la balance des paiements
Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, a déclaré dans un discours prononcé en ouverture de la 3e édition du BDL Accelerate, au Forum de Beyrouth, que « les fonds propres des banques » allaient « augmenter plus rapidement suite à la dernière ingénierie financière » de la Banque centrale.
Fin mai, la BDL a échangé l'équivalent de 2 milliards de dollars de bons du Trésor en livres contre le même montant en eurobonds. Elle avait ensuite, selon l'agence de notation Moody's, acheté aux banques libanaises environ 6 milliards de dollars de bons du Trésor en livres à un taux d'escompte pendant l'été, avant de leur vendre 2 milliards de dollars d'eurobonds et 4 milliards de dollars de certificats de dépôt.
M. Salamé a expliqué que ces opérations avaient permis aux banques libanaises « d'attirer des milliards de dollars » et à la balance des paiements de dégager un excédent exceptionnel de « 555 millions de dollars en septembre » contre un déficit de « 1,7 milliard en mai ».
M. Salamé a également déclaré que « les banques avaient renforcé leurs bilans (suite à ces opérations) » et qu'elles pouvaient « augmenter leur portefeuille de crédits libellés en livres », précisant qu'il faisait référence à de « nouveaux crédits en livres » et non des crédits en dollars convertis en livres.
Le gouverneur a enfin déclaré que l'élection de Michel Aoun lundi à la présidence de la République allait contribuer à « attirer l'aide étrangère pour atténuer le coût de la présence des réfugiés syriens au Liban », qu'il a estimé à « 5 % du PIB ».
 

Les principales annonces d'hier au BDL Accelerate
La première journée du BDL Accelerate a été l'occasion pour plusieurs participants d'effectuer des annonces. Dans son discours inaugural, le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, a indiqué « se réjouir de l'expansion à venir de l'UK Lebanon Tech Hub » (UKLTH), sans donner davantage de précisions. Lancé en janvier dernier par l'ambassade britannique et la BDL, l'UKLTH s'inscrit dans le cadre de l'implémentation de la circulaire 331 de la BDL.
Cyrille Hadji-Thomas, fondateur de la plate-forme de distribution internationale de livres Bookwitty, a ensuite annoncé une levée de fonds de 30 millions de dollars. « Le fonds d'investissements Leap ventures a déjà apporté 10 millions de dollars il y a six mois à condition que Bookwitty fusionne avec l'entreprise technologique Keeward et le distributeur Levant Distributors dans une holding commune », a expliqué Cyrille Hadji-Thomas à
L'Orient-Le Jour. Cette fusion est en cours et devrait être finalisée avant la fin de l'année.
L'accélérateur et incubateur Smart ESA, lancé en mars, a de son côté annoncé sa première campagne de recrutement 2016 qui se clôturera le 31 décembre. Les programmes de mentorat de jeunes entrepreneurs débuteront le 27 février pour six mois.
Par ailleurs, la plate-forme de « streaming » musical Anghami fondée par deux Libanais a annoncé mardi via un communiqué sa troisième levée de fonds (série B, pour un montant non communiqué). Le premier investisseur d'Anghami était le fonds de capital-risque MEVP, pour un montant d'un million de dollars en 2012.

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