L'Association des banques du Liban a procédé hier à l'élection d'un nouveau conseil d'administration. Son
nouveau président Joseph Torbey, également PDG du Crédit libanais et président de l'Union mondiale des
banquiers arabes, livre à « L'Orient-Le Jour » ses recommandations pour maintenir la bonne santé relative du
secteur.
Propos recueillis par Céline HADDAD | OLJ
30/06/2015
Vous entamez votre troisième mandat (non consécutif) à la tête de l'ABL, quels seront les axes prioritaires de votre politique ?
J'ai pour ambition de poursuivre la politique menée par mon prédécesseur François Bassil en faveur de la promotion de l'inclusion
financière des consommateurs en difficulté – afin qu'ils puissent notamment avoir accès à des lignes de crédit –, du renforcement du
partenariat entre les secteurs public et privé, et de la collaboration avec la Banque du Liban pour mettre en place des réglementations
protégeant le secteur de crises imprévues.
Les chantiers prioritaires des années à venir restent surtout le renforcement de la coopération interbancaire, l'offre de financements aux
secteurs porteurs en termes de croissance, l'amélioration de la performance des banques libanaises à travers des formations et le
maintien de l'attractivité du secteur pour les investisseurs et déposants locaux et étrangers.
Comment maintenir la fameuse « résilience » du secteur bancaire face aux crises politiques et économiques régionales ?
Le secteur bancaire libanais a en effet pu surmonter les répercussions des crises qui affectent la région, notamment grâce à son haut
niveau de liquidité – il dépasse les 78 % – alimenté par les flux de capitaux de la diaspora libanaise (7,5 milliards de dollars par an
environ). Cette bonne santé s'est confirmée sur les quatre premiers mois de l'année 2015, avec une poursuite de la croissance des actifs
consolidés des banques libanaises (+ 2,1 %), des crédits au secteur privé (+ 1 %), des dépôts de la clientèle (+ 2,1 %), ainsi que des
bénéfices nets des banques alpha (+ 11,7 %).
Pour continuer de résister à la crise, le secteur bancaire libanais doit avant tout préserver le niveau de confiance des investisseurs dans
le but d'éviter toute fuite de dépôts. La politique monétaire prudente de la Banque du Liban (BDL) est primordiale à cet égard tandis que
l'adoption des normes de Bâle III sur le niveau de capitalisation des banques leur permet de mieux absorber l'impact d'un choc imprévu.
Dans ce contexte, un autre défi réside dans la capacité des banques à identifier des placements lucratifs sur le plan local ou régional afin
de rentabiliser leurs hauts niveaux de capitalisation et de liquidité. La BDL a donc accordé environ 4 milliards de dollars de prêts
subventionnés aux banques pour stimuler l'octroi de crédits aux secteurs dynamiques, comme la recherche et le développement, le
logement ou l'économie verte. De même, la BDL a introduit des certificats de dépôts avec des maturités allant jusqu'à 30 ans et offrant
des taux d'intérêt alléchants, ce qui permet aux banques libanaises de renforcer leurs marges d'intérêt nettes.
Enfin, les banques devraient maintenir des politiques de crédit prudentes pour éviter toute détérioration de la qualité de leurs actifs.
La plupart des banques libanaises ont misé sur une stratégie d'expansion régionale. Cette approche devrait-elle être revue à l'aune des crises actuelles ?
Les grandes banques libanaises ont développé une stratégie d'expansion destinée à répondre à la forte concurrence et un manque
d'opportunités de placements sur le marché local. Elles se sont notamment tournées vers la Syrie et l'Égypte, où elles ont largement subi
l'impact de la crise régionale. Si l'économie égyptienne commence à surmonter cet impact, les banques opérant en Syrie continuent de
subir un recul de leur profitabilité et de leurs opérations depuis 2011. Elles continuent cependant à y enregistrer des bénéfices et
parient sur un avenir prometteur pour la Syrie.
De manière générale, les prévisions de croissance économique du FMI restent faibles dans les pays de la région (entre 2 % et 3 %),
surtout en comparaison avec les pays d'Afrique (entre 5 % et 6 % en moyenne), ce qui explique un fort intérêt des banques pour ce
continent.
Les membres du nouveau conseil d'administration de l'ABL
Suite à l'élection d'hier, les 12 membres siégeant au conseil d'administration de l'ABL sont : Nadim Kassar (Fransabank), Saad Azhari
(Blom Bank), Abdel Razzak Achour (Fenicia Bank), Semaan F. Bassil (Byblos Bank), Antoun Sehnaoui (SGBL), Mohammad Hariri (BankMed),
Salim Sfeir (Bank of Beirut), Marwan Kheireddine (al-Mawarid), Tanal Sabbah (Lebanese Swiss Bank), Joseph Torbey (Crédit libanais),
Freddie Baz (Bank Audi SAL) et Walid Raphaël (Banque libano-française).
Le bureau exécutif est désormais constitué de : Joseph Torbey (président), Saad Azhari (vice-président), Freddie Baz (secrétaire), Tanal
Sabbah (trésorier).