Blanchiment d’argent : les sociétés de change accusées réfutent en bloc
Par Soraya HAMDAN et Dalal MEDAWAR
Le président de l’Association des banques du Liban insiste sur la transparence du système bancaire national.
Les États-Unis ont imposé mardi des sanctions contre les deux bureaux de change Kassem Rmeiti & Co for Exchange et Halawi Exchange. Dans un communiqué du Trésor américain, David Cohen, vice-secrétaire pour le Terrorisme et les Renseignements financiers, a déclaré que « ces deux sociétés représentaient un risque majeur en matière de blanchiment des capitaux ». Cette désignation imposera à terme aux établissements financiers américains de se prémunir contre ces entreprises afin de les empêcher d’utiliser le système financier des États-Unis.
C’est la première fois qu’une institution financière non bancaire est soumise à l’article 311 du Patriot Act sur le blanchiment d’argent. Selon le Trésor américain, « des dizaines de millions de dollars issus du trafic de drogue et autres activités illégales circuleraient entre ces bureaux de change liés au Hezbollah ».
« Il s’agit d’accusations entièrement mensongères et étayées d’aucune preuve, s’est indigné Mahmoud Halawi, directeur général de Halawi Exchange, dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour. Notre travail a été affecté, bien sûr, mais nous avons foi en la justice américaine et avons fait appel à un cabinet d’avocats pour nous défendre, a-t-il poursuivi. Nous restons confiants. »
Même son de cloche du côté de Rmeiti & Co for Exchange. Kassem Rmeiti, le directeur, a farouchement nié les accusations. « J’ai été très surpris pas ces incriminations, a-t-il indiqué à L’Orient-Le Jour. Je n’ai rien à voir avec le Hezbollah et je ne veux rien avoir à faire avec eux. Les Américains n’ont aucune preuve. » Le syndicat des changeurs a assuré que les sociétés de change suivaient scrupuleusement les directives de la Banque du Liban (BDL) et de la Commission de contrôle des banques et étaient en parfaite conformité avec les régulations américaines et européennes.
Le secteur bancaire a de son côté réitéré son engagement dans la lutte contre le blanchiment d’argent. « Il s’agit de sociétés de change, le secteur bancaire libanais n’a rien à voir avec ces affaires de blanchiment d’argent, a déclaré Joseph Torbey, président de l’Association des banques du Liban (ABL) dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour. Bien au contraire, nous sommes engagés à lutter contre toutes pratiques criminelles et à respecter les sanctions internationales », a-t-il poursuivi.
M. Torbey a ajouté que les relations entre les bureaux de change et les banques libanaises avaient depuis quelque temps beaucoup diminué, la majorité de ces bureaux n’ayant plus accès aux services des banques.
Le président de l’ABL a en outre insisté sur la transparence du système bancaire libanais et réitéré l’engagement de l’ensemble du secteur à respecter à la lettre les sanctions internationales en rappelant qu’il revenait justement d’un voyage aux États-Unis à l’occasion de la « Journée des banques libanaises ». « Le drapeau libanais flottait aux États-Unis, a-t-il fièrement affirmé, nous avons été très bien accueillis. Les Américains savent que nous opérons dans un environnement difficile et que notre secteur bancaire demeure transparent et conforme aux lois internationales, a-t-il poursuivi. Par ailleurs, la Banque du Liban (BDL) fait de gros efforts pour contrôler les bureaux de change, lesquels sont soumis à des règles très strictes. »
L’Orient-Le Jour a contacté le bureau du gouverneur de la BDL Riad Salamé, mais ce dernier n’était pas joignable. Depuis deux ans, il ne cesse de rappeler le rôle de la BDL dans la lutte contre le blanchiment d’argent dans un contexte de sanctions économiques et financières qui touchent les pays voisins.