La rencontre pour la lutte contre les cybercrimes financiers, qui a été organisée hier par l'Union des banques arabes (UBA) et l'Autorité des marchés de capitaux (AMC), a été l'occasion pour les représentants des banques, des assurances et des marchés financiers de sensibiliser aux dangers des cybercrimes financiers et d'appeler au durcissement de la législation en la matière.
« Le cadre législatif actuel n'est pas suffisant pour pénaliser les violations résultant de l'évolution rapide des nouvelles technologies de l'information et de la communication, et ne peut cerner de nombreux nouveaux types de crimes, appelés cybercrimes », a déploré le directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani. « Des réformes législatives et un travail de sensibilisation sont nécessaires pour l'amélioration de la lutte contre les cybercrimes », a suggéré M. Bifani, avant d'appeler à une amélioration de la coopération entre les différents acteurs à cet effet, tant au niveau national qu'international.
« Nous devons renforcer les capacités de nos ressources humaines, notre législation et les lois visant à protéger le commerce en ligne des cybercrimes », a plaidé de son côté le président du conseil d'administration de l'UBA, Joseph Torbey, avant de rappeler les dernières statistiques de Commission d'enquête spéciale (CSI) sur le sujet. Selon les chiffres de la CSI, alors que seul un cas de cybercrime financier avait été reporté à la CSI en 2011, pour un montant de 5 500 dollars, 84 cas à hauteur de 12 millions de dollars ont été signalés en 2015. Entre le 1er janvier et le 30 septembre 2016, 137 cas ont été signalés à la CSI, pour un montant de 8,5 millions de dollars.
Le président de l'Association des compagnies d'assurances au Liban (Acal), Max Zaccar, a par ailleurs indiqué que des polices contre ces risques existent déjà au Liban et sont en cours de développement. « Les banques doivent s'assurer une couverture face aux risques liés à un arrêt du travail occasionné par une panne du système informatique, à une demande de rançon contre la protection des données des clients, aux responsabilités assumées face à autrui en cas de perte ou de fuite de données... » a prévenu M. Zaccar.
« Les dangers du cybercrime ne touchent pas que les entreprises, mais menacent désormais les États et leurs souverainetés du fait du développement des modes de piratage électronique. Si le Liban est pour le moment moins exposé à ces risques que d'autres pays, cela n'est pas durable, surtout au vu de l'augmentation des cybercrimes au Liban », a pour sa part rappelé Sami Saliba, membre du conseil exécutif de l'AMC.