Allocution Dr Joseph Torbey
Président de l’Association des banques du Liban (ABL)
Président-Directeur général du Groupe Crédit Libanais sal
Réunion avec SE l'Ambassadeur de France,
M. Patrice Paoli
Association des Banques du Liban (ABL)
Beyrouth, le 22 avril 2013
Excellence Monsieur l’ambassadeur de France,
Chers collègues et amis,
Au nom de l'Association des Banques du Liban et de mes collègues les banquiers présents aujourd’hui, permettez-moi, Monsieur L’Ambassadeur de vous souhaiter la bienvenue à la libanaise: Ahlan wa Sahlan, qui traduit notre accueil chaleureux et notre plaisir de vous recevoir au sein de notre Association. C’est là un signe d’amitié et de coopération entre les banques du Liban et la France, et un renforcement des grandes valeurs qui lient nos deux pays, celles fondées sur les idéaux nobles de la culture, la liberté, et la solidarité.
Notre réunion a lieu aujourd’hui dans des moments de grande tension, où les regards des Libanais sont braqués sur les développements au Liban et dans la région, plus particulièrement en Syrie, qui entrent chaque jour dans une phase nouvelle. Dans ce contexte, à travers vicissitudes et bouleversements, notre pays encourt de grands dangers. Notre secteur bancaire doit gérer et maîtriser des risques majeurs, que ce soit sur le plan des opérations bancaires que celui des risques politiques et sécuritaires, tout en n’oubliant pas l’application stricte des sanctions internationales qui se concentrent particulièrement sur des acteurs actifs dans la région dont l’Iran et la Syrie, parmi tant d’autres... Le secteur bancaire libanais a réussi à relever le défi en montrant sa capacité à incorporer et appliquer toutes les mesures internationales requises.
Tout au long de son histoire, le secteur bancaire libanais a joué un rôle décisif dans la vie économique et politique du pays. Sur le plan national, lors de la guerre civile qui a ravagé le Liban entre 1975 et 1990, les banques libanaises ont réellement assuré la pérennité de l’État et de l’autorité publique, en fournissant au gouvernement les fonds nécessaires pour sa continuité, alors que les collectes d’impôts étaient quasi inexistantes. Au secteur privé, des programmes de financement à l’échelle nationale étaient également assurés par les banques. Vrai pilier et moteur de croissance de l’économie, le secteur bancaire libanais a, par ailleurs, activement participé aux travaux ambitieux de reconstruction du pays pour restaurer à Beyrouth, sa réputation du joyau du Moyen-Orient.
Du fait de notre ouverture sur l’extérieur et que nos banques opèrent dans plus de 32 pays et 111 villes du monde, notre secteur bancaire gère aujourd’hui plus de 158 milliards de Dollars représentant plus de 3,5 fois le PIB du Liban. De ce fait, le secteur bancaire continue d'agir en tant que partenaire stratégique de l’État et de l’économie nationale, assurant ainsi bien-être social, expansion et création d’emplois, dans un contexte international et régional des plus difficiles.
Il y va de soi que nous opérons en respect et en application des normes et standard internationaux fixés par le GAFI, la Commission de Bâle, les institutions financières internationales, et enfin par l’Union européenne et les États unis. Une telle rigueur est également due au cadre réglementaire solide, efficace et judicieux, mis en place par la Banque centrale du Liban et par son bras de surveillance, la Commission de contrôle bancaire; auquel il faut rajouter un dialogue continu et une coordination constante avec l’Association des Banques du Liban, la plus ancienne dans la région, créée en 1959.
Notre Association tient à transmettre ce message partout au monde. En effet, après Londres (nov 2010) et Paris (oct 2011), nous avons tenu la Journée des banques libanaises à New York (en février 2013), avec la participation de nos principaux correspondants américains, journée pendant laquelle le drapeau du Liban fut affiché sur le Nasdaq. Nous avons tenu des réunions avec la Federal Reserve Bank de NY, puis avec les hauts cercles du pouvoir au gouvernement américain, dont le département du Trésor, le Ministère des affaires étrangères, le Congrès et des ONG influents, notamment le Aspen Institute de Washington et le American Task Force pour le Liban. Nous avons mis l’accent sur l’engagement solide du secteur bancaire libanais dans l’application des sanctions internationales et la lutte contre le blanchiment d’argent, ainsi que sur le rôle stratégique du secteur bancaire libanais dans le renforcement de la stabilité du Liban dans une région déstabilisée.
Notre action aux États-Unis a trouvé un terrain d’accueil encourageant de la part des responsables américains à l'égard des efforts déployés par nos banques qui opèrent dans des circonstances extrêmement difficiles, où les sanctions encerclent l’activité bancaire et exigent une connaissance approfondie de la réglementation internationale dont nos banquiers sont devenus Maîtres.
Cher Monsieur l’Ambassadeur,
Forts des liens de la francophonie que créent entre nous le partage de la langue française et des valeurs universelles, nous souhaitons vous informer que nous avons été le promoteur principal de la création de l’Union bancaire francophone (UBF), dont nous avons signé la Charte la semaine dernière. Notre nouvelle Union bancaire francophone englobe jusqu’à présent 20 pays francophones et vise à bâtir un réseau d’échanges d’informations et de rencontres sur des thèmes d’intérêt commun, en utilisant la langue française, en vue de renforcer les relations d’affaires entre nos banques et nos pays.
Sur un autre plan, l’ABL conjointement avec l’Université St Joseph de Beyrouth ont renforcé leur partenariat au sein du Centre d’études bancaires (CEB) fondé en 1967, en élevant ce dernier au rang académique par la création de l’Institut Supérieur d’Études Bancaires (ISEB) pour en faire un établissement d’enseignement, de formation et de recherche, agrée par le Ministère de l’Éducation et de l’enseignement supérieur au Liban.
Ce sera l’occasion pour nous de renforcer la coopération avec le Centre de la Formation de la Profession Bancaire, le fameux CFPB de Paris avec lequel nous échangeons, experts, programmes et, matériels pédagogiques depuis plus de 20 ans déjà.
Quant à la France, très proche de nous et qui connait profondément la réalité libanaise et le sérieux de notre industrie bancaire en ces moments de grande tension, nous nous attendons à ce qu’elle continue de se tenir à nos côtés, pour promouvoir un Liban libre, stable et économiquement prospère.
Notre rencontre est certes une nouvelle confirmation de la volonté du soutien des grandes valeurs, renforcée par la densité des relations bilatérales politiques et le soutien constant de la France aux résolutions de défense de la souveraineté du Liban. Défendre la souveraineté va de pair avec la contribution au développement économique de notre pays, tâche à laquelle nos banques s’attellent diligemment, pour ainsi participer à faire la paix et à renforcer la stabilité du Liban. Ceci est à la base-même des valeurs fondamentales qui lient la France au Liban.
Nous vous souhaitons encore une fois la bienvenue à l’ABL et vous remercions du soutien que vous montrez envers notre secteur bancaire et notre pays.