Allocution
Dr. Joseph Torbey
Président de l’Association des Banques du Liban
Président Directeur Général – Groupe Credit Libanais
Président de l’Union mondiale des banquiers arabes
À l’occasion de la visite de la délégation monégasque
Accompagnant SAS Prince Albert II au Liban
Hôtel Phoenicia
Beyrouth, le 12-13 janvier 2011
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
C’est à la fois un plaisir et un honneur pour nous à l’Association des Banques du Liban de participer à cette Journée de travail avec la délégation monégasque accompagnant Son Altesse Sérénissime, Le Prince Albert II, à qui nous exprimons notre plus haute considération.
Nous souhaitons aussi à M. Michel Dotta, Président de la Chambre de Développement Économique de Monaco et à tous les membres de la Délégation, une chaleureuse bienvenue dans notre pays, et une visite bien riche et parfaitement réussie.
Mesdames et Messieurs,
Le Liban est un petit pays dont les dimensions économiques sont incommensurables avec l’exigüité de son territoire et la médiocrité de ses ressources naturelles. C’est incontestablement dans le domaine des échanges extérieurs qu’apparait la spécificité des structures économiques libanaises, forgées, des décennies durant, pour permettre à l’initiative privée de développer tout son dynamisme : libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux, liberté totale des changes et des transferts ; le tout est renforcé par une tradition historique d’ouverture, une position géographique privilégiée et un climat tempéré favorable.
La ressource fondamentale du Liban, son plus grand pouvoir, réside en son capital humain. Bien éduqués, armés d’un esprit fortement entrepreneurial, dotés d’un sens aigu des affaires, les Libanais eux-mêmes constituent l’actif le plus précieux du pays et de son économie.
De plus, l’un des piliers du Liban réside en la stabilité de son système et de sa structure économiques depuis les années 50, malgré les troubles politiques que le pays a subis au fil des ans. Même pendant les moments difficiles, l’économie libanaise a continué à fonctionner sans changer de système, et est demeurée une économie libérale dominée par les services. Ainsi, la politique du gouvernement d’intervenir au minimum dans les affaires économiques a ouvert la voie au développement de l’initiative privée, encouragé par l’absence de barrières à l’investissement étranger, ainsi que d’un système fiscal modéré, caractérisé par un impôt sur le revenu maximal de 20 %, et un impôt sur les sociétés de 15 %. Sans parler d’une série d’exemptions et de méthodes indirectes d’imposition attractives aux investisseurs. A noter ici que seuls les profits réalisés au Liban par les investisseurs, sont imposables, qu’ils soient résidents au Liban ou non. Le principe de « territorialité » exonère les contribuables de payer des impôts sur les revenus réalisés à l’étranger. La particularité du système fiscal libanais est qu’il ne prévoit pas d’impôt global sur les bénéfices totaux d’un individu.
Tous ces attributs économiques, légaux et fiscaux, rajoutés à une longue tradition d’ouverture et à une loi unique en son genre sur le secret bancaire, ont créé un climat attractif et favorable pour les investisseurs. En temps normaux et en période de crises, les marchés nous ont toujours récompensés.
Mesdames et Messieurs,
Il est de notoriété publique que le secteur financier libanais est centré sur la banque, plutôt que sur les marchés des actions et obligations. Considéré comme la colonne vertébrale de l’économie, le secteur bancaire libanais, banques d’investissement comprises, affichait fin Novembre 2010 un bilan consolidé de plus de 133 milliards de dollars, soit près de 3,4 fois le PIB du pays, estimé par le FMI à 39 milliards de dollars. De plus, les banques libanaises ont une présence dans 32 pays arabes et internationaux ; et elles traitent avec un réseau de banques correspondantes à travers 111 villes de par le monde. L’industrie bancaire libanaise a récemment été l’objet d’une consolidation et d’une diversification de la structure de ses actionnaires, consolidation qui a attiré d’importants investisseurs arabes et internationaux.
Entre 2007 et Novembre 2010, grâce à la confiance régionale et internationale renouvelée dans le pays, et selon les rapports de l’article IV du FMI, les transferts (nets) vers le Liban ont dépassé 13,3 milliards de dollars; les flux nets financiers et en capitaux ont atteint plus de 28,4 milliards de dollars, permettant au Liban de financer son déficit de compte courant de 13 milliards de dollars (sur la même période), et entraînant un excédent de la balance des paiements de 16 milliards de dollars, augmentant d’autant les avoirs extérieurs nets du pays. Ces réserves internationales, réparties entre celles de la Banque centrale et celles des banques, sont comparativement importantes. Elles couvrent, d’ailleurs, 47 % de la Masse monétaire au sens large, 65 % des dépôts en devises, et plus de 86 % de notre dette externe à court terme y compris les dépôts non-résidents.
Nos banques ont joué un rôle déterminant dans la gestion efficace de tous ces flux, en temps opportun et à bas coûts, grâce à notre réseau d’agences national et international, et à travers des systèmes de paiement sophistiqués et sécurisés.
Au cours de la dernière crise financière internationale, et à l’inverse des tendances et indicateurs mondiaux, le secteur bancaire libanais a obtenu de très bons résultats, et a fait preuve d’une résilience remarquable face aux remous financiers. Aujourd’hui, alors que le monde entier surfe toujours sur les conséquences et implications, complexes et interconnectées, de la crise, le secteur bancaire libanais continue de croître, avec des ratios de liquidité et une base de fonds propres adéquats. Ceci démontre la flexibilité et la capacité du système à faire face et à gérer les événements adverses répétés, qu’ils soient internes ou externes.
Une telle résilience est également due au cadre réglementaire solide, efficace et judicieux, mis en place par la Banque centrale du Liban et par son bras de surveillance,
la Commission de contrôle bancaire; auquel il faut rajouter un dialogue continu et une coordination constante avec l’Association des Banques du Liban, la première en son genre dans la région, créée en 1959. Ce dialogue continu et cette consultation entre les autorités et l’industrie ont contribué à créer au Liban un secteur bancaire stable et solide, caractérisé par: une structure actif/passif équilibrée, une base de dépôts solide et diversifiée, et des ressources humaines qualifiées.
De plus, la décision des autorités d’adopter les cadres réglementaires de Bâle I et Bâle II a fortement contribué à la modernisation et au renforcement de notre secteur bancaire. La mise en exécution de Bâle II a représenté pour nous tous un excellent processus d’apprentissage de la gestion du risque et de l’allocation interne de capital. En tant qu’industrie bancaire, nous allons maintenant graduellement et équitablement implémenter les recommandations récentes de Bâle III, en coordination avec nos autorités de régulation et de supervision. Au Liban, nous avons toujours adopté et respecté les meilleurs standards et normes internationaux. Nous sommes une petite économie largement ouverte aux marchés internationaux, et nous respectons les règles de jeu internationales. Ceci était, et est toujours, une vision constante pour nos autorités et nos banquiers.
Mesdames et Messieurs,
Pour conclure, malgré les problèmes politiques et souvent complexes auxquels le Liban fait toujours face, les systèmes légal et économique fonctionnent bien et sont respectés. La performance économique du pays reste globalement positive. L’engagement en faveur de l’entreprise privée et de la liberté économique, porté par une classe d’affaire ambitieuse et dynamique ainsi que par une industrie bancaire solide et en pleine expansion régionale, contribuent à la prospérité économique d’un pays de 4 millions d’habitants démuni de ressources naturelles.
Je souhaite beaucoup de succès à cette Journée de travail Libano-Monégasque
Merci de votre attention