Allocution Dr Joseph Torbey
Président de la Ligue maronite - Liban
Beyrouth, le 26 mars 2012
En l’honneur de SEM. L’Ambassadeur de France, Denis Pietton
Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de France, Denis Pietton,
Excellences, chers amis et collègues de la Ligue maronite,
Monsieur l’Ambassadeur,
Permettez-moi tout d’abord de vous dire combien nous sommes heureux, mes collègues du Conseil exécutif de la Ligue Maronite et moi-même, de vous avoir aujourd’hui parmi nous, entouré d’un certain nombre de vos amis qui sont d’ailleurs les nôtres.
Je voudrai aussi vous dire qu’un Ambassadeur de France à la Ligue Maronite est un Ambassadeur chez soi, tellement sont fortes les relations d’amitié et d’affection partagées par les Maronites à l’égard de la France.
Je n’irai pas trop loin dans l’histoire jusqu’au point d’évoquer tous les traits de sympathie qui ont marqué ces relations. Contentons-nous de dire que ces relations remontent au Roi St Louis. Elles datent aussi du régime de capitulation instauré par les Ottomans entre la communauté maronite et le Royaume de France, régime qui s’est élargi par la suite et s’est développé, aboutissant à ce que la France entretient aujourd’hui des relations privilégiées avec toutes les communautés de la mosaïque libanaise. Entre temps, en 1860, lorsque des événements sanglants éclataient entre les différentes communautés libanaises, la France de Napoléon III n’a pas hésité à envoyer ses troupes pour instaurer la paix.
Unis par les jalons de l’histoire, le Liban et la France ont toujours connu des destins croisés.
Le présent étant le reflet du passé, la France n’a pas cessé depuis de défendre l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale du Liban. Ces fermes positions en faveur du Liban lors des agressions israéliennes, l’embargo imposé à Israël par le Général De Gaule après l’attaque perpétrée par celle-ci contre l’aéroport international de Beyrouth, la participation massive de la France à la FINUL et son appui à l’exécution de la résolution 1701, en sont l’exemple éclatant. Mais ce que les Maronites n’oublieront jamais, c’est que, durant la dernière guerre libanaise, le sang français a coulé sur le sol libanais et qu’un Ambassadeur de France a payé de sa vie l’appui de la France à la paix au Liban.
Cette amitié, Monsieur l’Ambassadeur, les Maronites ont su l’honorer car, passionnément francophones et francophiles, ils ouvrent pour la France une porte sur le Proche-Orient. Ils sont ainsi les premiers vecteurs de francophonie dans la région.
Monsieur l’Ambassadeur,
Dans peu de temps, vous allez nous quitter, après plus de deux ans d’une mission fructueuse au Liban. Nous avons eu l’honneur de vous connaître, et le plaisir de passer des moments de dialogue tant intéressants qu’agréables avec vous. Vous parlez notre langue, vous êtes sensibles à nos problèmes et vous avez cherché tout au long de votre mission au Liban à communiquer, à dialoguer, à essayer de connaître encore plus la nature complexe de notre système et les méandres de la politique interne au Liban. Votre passage à l’Institut national de langues et de civilisations orientales, votre mission auprès des Émirats Arabes Unis, à Jérusalem, à Washington, puis en Afrique du Sud, votre poste de Chef de division d’Afrique du Nord et Moyen-Orient au Quai d’Orsay, vous ont prédestiné à mieux comprendre et à s’intéresser en particulier aux problèmes du Monde arabe et du Liban, à propos duquel vous avez dit un jour que c’est un Trésor, incarné dans la coexistence entre ses différentes communautés, trésor qu’il faut cultiver et protéger car il pourrait servir d’exemple pour le monde entier.
Monsieur l’Ambassadeur,
En ce moment de grande tension dans la région, les regards des libanais sont braqués sur les développements en Syrie qui entrent chaque jour dans une phase nouvelle. Le Gouvernement libanais a réussi jusqu’à présent à épargner le Liban des retombées de ces événements en adoptant une politique très sage de non- ingérence dans les affaires intérieures syriennes. Politique appuyée par certaines promesses occidentales sur le fait que la stabilité du Liban devrait se préserver tant que la situation en Syrie reste floue.
Pourtant une certaine inquiétude règne au sein de la communauté chrétienne du Levant. Nous espérons, qu’en rentrant à Paris, où vous allez prendre en charge la division de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, votre expérience à Beyrouth vous sera utile pour éclairer d’une lumière nouvelle l’image qu’a la France de notre région et de ses problèmes. On ose espérer d’avoir en vous l’interprète juste et impartial de nos inquiétudes et de nos appréhensions, afin que l’action de la France dans la région puisse aider à préserver le Liban des effets néfastes de la situation tragique en Syrie.
Aujourd’hui, les temps sont difficiles, la communauté Maronite, à l’image du Liban, est divisée et traversée par de profonds clivages. La Ligue Maronite est appelée à jouer un rôle qui lui est cher, pour faire en sorte que le Liban traverse les dangers qui secouent la région, en surmontant les difficultés pour avancer dans le parcours de l’unité, condition sine qua non de toute stabilité.
Pour relever cet immense défi nous souhaitons que la France se tienne toujours à nos côtés en faveur d’un Liban pluraliste, libre et humain.
Monsieur l’Ambassadeur,
Dès le début de votre mission au Liban, une tragédie douloureuse vous a accablé. Malgré cela, vous avez décidé de rester à votre poste et de ne pas quitter le Liban, étant entouré et consolé par la chaleur humaine que les Libanais vous ont prodiguée.
Soyez donc sûr et certain cher ami, que cette chaleur humaine vous accompagnera là où vous allez, étant éternellement présent dans le cœur de vos amis libanais qui vous ont tant admiré et aimé.
Bon retour en France Monsieur l’Ambassadeur.